La lettre ouverte adressée A son Excellence M. Peter KAZADI
La lettre ouverte adressée A son Excellence M. Peter KAZADI, Vice-premier Ministre et Ministre de l’intérieur Concerne : Questions à SEM Peter KAZADI
Excellence, Je vous écris en votre qualité de Ministre de l’Intérieur dont le rôle premier est d’assurer l’ordre et la sécurité publique dans l’ensemble du territoire national.
Je commence par féliciter la réaction immédiate et idoine du Gouvernement, via votre Ministère, face au drame survenu à Malemba-Nkulu dans la Province du Haut-Lomami. Ce drame qui oppose les frères Luba du Katanga et du Kasaï aurait provoqué la mort de 4 ou 6 (c’est selon) compatriotes. L’envoi par le Gouvernement central d’un contingent d’agents de l’ordre et des magistrats pour enquêter et remettre de l’ordre est une preuve du sérieux que vous mettez dans l’accomplissement de vos tâches régaliennes.
Cependant, ma question est suscitée par l’absence de réaction semblable de votre Excellence face à un autre drame qui a coûté la vie à plus de 200 fois plus de victimes et qui continue à se dérouler dans la Ville de Kisangani en plein jour, mais en catimini et dans une indifférence suspecte de votre Ministère chargé de protéger les populations civiles.
Je soulève la question parce que je suis personnellement concerné et pourrais en être victime, étant moi-même membre d’une communauté impliquée dans ces tueries aveugles avec la communauté-sœur voisine avec laquelle nous vivions en parfaite harmonie.
Les responsables supposés de la tragédie sont connus et dénoncés. Les commanditaires-instigateurs soupçonnés continuent, en toute quiétude et impunité, à perpétrer leur meurtrière basse besogne. Les tentatives d’imposer une omerta sur ces massacres perpétrés gratuitement par les uns et les autres (qui ne savent pas pourquoi ils s’entretuent si sauvagement) ont été révélées. Les faits de corruption avérés dans l’affaire ont été provisoirement établis… Mais on constate le montage des stratégies les plus ignobles, tant en province qu’au niveau central (je suppose à votre niveau), de protection des prévenus coupables intellectuels et physiques !
A Kisangani, on subit le même sort que nos compatriotes de KWAMOUTH où l’on assiste déjà à la formation des groupes armés incontrôlés (Mobondo…) qui empêchent les paysans (dont moi-même) du Plateau nourricier des Bateké de se rendre à leurs champs et fermes. C’est un prélude dangereux et douloureux, si on doit assister si passivement à l’émergence des milices tribales à la TSHOPO, province connue pour son cosmopolitisme inégalé dans le pays. Province dont les tribus ont toujours entretenu entre elles et celles venues d’ailleurs d’aimables relations de plaisanteries.
Pourquoi donc les 2 mesures pour les trois poids ? Devrions-nous en déduire que nous, Mbole et Lengola, à l’instar des Yaka et Teke, ne serions que des citoyens parias, entièrement à part, qui peuvent s’entretuer comme des animaux dans une jungle ? Encore que les animaux ne s’entretuent que pour des raisons précises sans chercher à s’exterminer comme on nous laisse le faire !
Excellence, je vous écris car je sais que vous ne pourriez pas m’accorder la moindre occasion de vous en parler de vive voix. Mes interrogations demeurent parce que la douleur est immense dans le chef des populations cyniquement abandonnées à leurs tueries aveugles.
En séjour de travail en République démocratique du Congo, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a Date de Publication : 18/4/2024
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