RD Congo : Voici pourquoi le Gouvernement Judith Suminwa est mal aimé
*L’article 90 de la Constitution, sur « la représentativité nationale » ne serait pas pris en compte !
*Membres de l’Union Sacrée(USN)roulés par l’UDPS: Mauvais casting ou la canaille ?
Une nouvelle équipe prédominée avec des visages familiers, après une longue durée d’attente, la composition du nouveau gouvernement dirigé par la Première ministre Judith Suminwa a été dévoilée ce mercredi 29 mai aux alentours de 2 heures du matin. Ce nouvel exécutif comprend cinquante-quatre (54) membres, légèrement moins que l’équipe sortante de Samba Lukonde, qui en comptait 57.
En effet, Judith Suminwa sera épaulée par six (6) vice-Premiers ministres, dont Jean-Pierre Lihau, qui conserve son poste à la Fonction publique. Jean-Pierre Bemba, quant à lui, quitte le ministère de la Défense nationale pour prendre en charge celui des Transports.
Parmi les nouveaux membres, on retrouve le duo qui a dirigé la campagne présidentielle de Félix Tshisekedi en décembre 2023. Jaquemin Shababi, ancien directeur de campagne, est nommé vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, tandis que son adjointe, Acacia Bandubula, devient ministre d'État chargée des Affaires foncières.
Guylain Nyembo, un proche du président Tshisekedi et actuel Directeur de cabinet du chef de l'État, entre également au gouvernement en tant que vice-Premier ministre chargé du Plan.
Le nouveau gouvernement comprend également neuf ministres d'État. Parmi eux, plusieurs membres de l'équipe sortante ont été reconduits à leurs postes ou assignés à de nouveaux portefeuilles. Eve Bazaiba, Aimé Boji, Patrick Muyaya, Jean-Lucien Busa, Didier Budimbu, Molendo Sakombi et Guy Loando font partie de ces figures familières de l'ancien gouvernement Samba Lukonde.
Une caractéristique notable de cette nouvelle équipe est la forte représentation féminine. 17 femmes nommées ont été nommées à différents postes ministériels, notamment celui de ministre déléguée aux Affaires étrangères, à l'Urbanisme, à l'Environnement et aux Affaires sociales.
Le patronat congolais est également bien représenté dans cette équipe. Louis Kabamba Watum, président de la Chambre des mines, prend la tête du ministère de l'Industrie et des PME, tandis que Didier Pambia, membre de la Fédération des entreprises du Congo, FEC, devient ministre du Tourisme.
Enfin, Doudou Fwamba, une figure peu connue dans le paysage politique congolais, est nommé ministre des Finances, succédant ainsi à Nicolas Kazadi. Sur le plan politique, d’où viennent les 54 ministres ?
Notons que, l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- se taille la part du lion avec 12 membres. Ce total atteint 21 lorsqu’on y ajoute les 9 ministres issus des regroupements politiques mosaïques et alliés. Pour plusieurs analystes politiques, cette forte représentation du parti présidentiel est justifiée par la photographie à l’Assemblée nationale, où le poids politique du clan UDPS est indéniable. Sur 450 députés nationaux de la majorité, 185 -dont 75 des mosaïques et 35 des alliés d’AAAP- appartiennent à la grande famille UDPS.
En deuxième position se trouve la Dynamique Agissons et bâtissons -AB- avec 6 membres au gouvernement. Pour rappel ce groupe chapeauté par le premier ministre sortant, Jean-Michel Sama Lukonde, s’appuie sur trois regroupements: AB, ANB et AAD-A.
Vital Kamerhe et son UNC-A sont également plutôt bien servis avec 3 portefeuilles. Les regroupements politiques AFDC-A de Modeste Bahati, AB/50 de Julien Paluku, MLC de Jean-Pierre Bemba et AACPG de Pius Muabilu suivent derrière avec chacun 2 membres au gouvernement. Soit autant que la légion Fifi Masuka -A/24, A/25 et AN.
Six regroupements de la majorité ont placé chacun un seul représentant: UDPS/Kibasa, CODE de Jean-Lucien Bussa, le PALU de Didier Mazenga, AVC-A de Didier Budimbu, AACRD de Christophe Mboso et AADD/EMP représenté par Godard Motemona.
En outre, ce gouvernement a également la particularité de compter en son sein 3 technocrates, nommés pour leur expertise et non portés par des camps politiques: Yollande Elebe à la Culture, Kizito Pakabomba aux Mines et Louis Kabamba Watum au nouveau ministère de l’Industrie et développement des PME. Le ministre Gilbert Kabanda, reconduit à la Recherche scientifique, n’a pas non plus de couleur politique, pareil pour le chef coutumier Mwami Ndeze Jean-Baptiste, nommé vice-ministre des Affaires coutumières. L’opposant Constant Mutamba de Dypro et Léonie Kando, issue des rangs de la Société civile, complètent le tableau.
La part de l’UDPS
En plus d’être majoritaire dans l’équipe Suminwa, le parti présidentiel occupe également l’essentiel de grands portefeuilles, dont 5 des 6 vice-primatures. Intérieur, Défense, Économie nationale, Plan et Fonction publique reviennent tous à l’UDPS et ses satellites. Parmi les VPM, seul Bemba est non-UDPS.
Chez les ministres d’État, c’est plutôt du 50-50 entre le parti présidentiel et les autres formations de l’Union sacrée de la nation. Sur les 10 strapontins en jeu, 2 ont été confiés à la Dynamique Sama Lukonde: le Développement rural et l’Aménagement du territoire. L’UNC et le MLC de Kamerhe conservent respectivement le Budget et l’Environnement, les deux ayant toujours le statut de «ministère d’État». Si l’Opposition a obtenu un poste de ministre d’État -Justice avec Constant Mutamba-, l’UDPS s’est réservé cinq fauteuils dont les très stratégiques ministères des Affaires étrangères et des Affaires foncières, tout en conservant l’Éducation nationale et les Infrastructures. C’est également un UDPS à la tête du ministère de l’Agriculture, désormais «ministère d’État».
Le Kasaï Oriental se taille la part de lion
Dans le partage des autres fauteuils ministériels de premier plan, l’UDPS a rempilé notamment aux Finances et à la Santé, désormais couplée à la prévoyance sociale, en plus des Ressources hydrauliques dans son escarcelle tout en perdant le ministère des Mines au profit d’un technocrate, un ancien de la Présidence de la République. De son côté, l’UNC -le parti du speaker de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe- a perdu les Affaires foncières au profit de l’UDPS mais a récupéré les Hydrocarbures quand l’AFDC-A de Bahati va devoir se contenter d’un ministère de l’Emploi et travail plutôt déplumé. En compensation, le groupe de Bahati occupe la questure de la chambre basse du Parlement. Dans ce jeu politique, l’ACP de Gentiny Ngobila n’a su tirer son épingle du jeu alors que Fifi Masuka s’adjuge deux ministères: les Affaires sociales et la Jeunesse.
Côté représentativité nationale, le Kasaï Oriental, bastion naturel de l’UDPS, où le Président Tshisekedi a été élu à plus de 95%, est représenté par 6 de ses ressortissants, soit un peu plus de 10% du gouvernement. Au Parlement, cette province du centre du pays pèse 14 députés sur 500.
Fait marquant, tous les six proviennent des rangs de l’UDPS ou de ses mosaïques, dont le VPM en charge de la Défense Guy Kabombo et les ministres d’État Thérèse Kayikwamba et Raissa Malu.
Pourtant 6ème plus petite province du pays et ses 11 élus à l’Assemblée nationale, la Mongala envoie 5 de ses fils au gouvernement, avec une représentation complète des trois territoires: Bumba, Lisala et Bongandanga. La Mongala compte notamment un poste de VPM, confié à Jean-Pierre Lihau. Autre province d’origine d’un des six VPM en l’occurrence Jacquemin Shabani de l’Intérieur, le Nord-Kivu, deuxième province en termes de poids politique à l’Assemblée nationale, compte en tout quatre délégués au gouvernement. Autant que son voisin du Sud et la Tshopo.
Province d’origine du VPM Mukoko Samba et de la Première ministre Suminwa, le Kongo Central aligne 3 membres, sans compter la cheffe du gouvernement, ex-aequo avec le Kasaï Central.
Malgré son poids politique, quatrième vivier des députés à l’Assemblée nationale, le Haut-Katanga a dû se contenter de deux représentants dont le très important ministère des PT-NTIC, désormais couplé au Numérique. Deux, c’est également le nombre de représentants des provinces du Maï-Ndombe, Sankuru, Ituri, Tanganyika, Equateur, Sud-Ubangi ainsi que Kwilu. Bémol, les deux mandataires de cette province issue du démembrement du Bandundu sont tous originaires du territoire de Masi-Manimba, Didier Mazenga de l’Intégration régionale et Godard Motemona, reconduit vice-ministre des Mines.
La Lomami, le Lualaba, le Haut-Lomami, le Nord-Ubangi, le Kwango, le Kasaï, la Tshuapa ainsi que les Haut et Bas-Uélé envoient chacun un représentant. La Lomami et la Tshuapa ont vu leurs uniques représentants être estampillés «ministres d’État», «question de compenser le déséquilibre en termes de nombre», explique un averti.
Le Kwango et le Haut-Uélé, servis au Bureau de l’Assemblée nationale, se contentent des postes de vice-ministres.
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