Message de la 57em Assemblée plénière des Evêques Membres de la conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) : Peuple c
1.Nous, cardinal, Archevêques,
membres de la Conférence
Episcopale Nationale du Congo
(CENCO), réunis en Assemblée
Plénière à Kinshasa, du 12 au 15
octobre 2020, mus par notre
sollicitude pastorale, nous sommes
penchés, entre autres, sur la
situation alarmante que traverse la
RD Congo, notre terre de
prédilection.
2. Avant toute chose, nous
rendons grâce à Dieu qui a épargné
notre pays de la catastrophe
redoutée, suite à la pandémie de la
covid-19 et nous implorons sa
miséricorde pour ceux qui nous ont
quittés. Nous remercions nos fidèles
catholiques et les hommes de bonne
volonté de leurs prières et de leur
soutien aux œuvres de l’Eglise et aux
personnes en détresse, au moment
fort de cette crise sanitaire. Cet élan
de solidarité, prouve à suffisance
que le Peuple congolais est capable
de s’entraider et de se prendre en
charge dans les situations difficiles.
Toutefois, ne baissons pas la garde
et continuons à respecter
scrupuleusement les gestes
barrières contre la pandémie.
BLOCAGE
1. Nous attirons l’attention de
notre peuple sur le blocage du
fonctionnement des Institutions
étatiques. Malgré nos différents
appels aux alliés de la coalition au
pouvoir de cesser leurs querelles
intestines et de se consacrer à
travailler plutôt pour l’intérêt de la
population, nous sommes.
Profondément peinés de constater
que les Acteurs politiques accusent
une indifférence révoltante pendant
que le pays est au bord de la faillite.
Il se trouve dans l’impasse à cause
de la crise politique croissante et de
ses conséquences. La paralysie de
la coalition affecte et infecte tous les
secteurs de la vie nationale.
2. Au moment où les Congolais
et les Congolaises croupissent dans
une misère indescriptible aggravée
par la covid-19, les alliés au pouvoir
consacrent leurs énergies aux
calculs de positionnement par
rapport aux élections de 2023 en vue
de conserver ou de reconquérir le
pouvoir.
3. L’obsession du pouvoir pour
le pouvoir porte à confisquer la
souveraineté du Peuple Congolais.
Autrement, comment expliquer tant
de manigances pour le contrôle de
la CENI et l’absence du consensus
autour des reformes électorales qui
présagent un glissement de plus ? A
cela s’ajoutent les fléaux du
tribalisme et les conflits
communautaires, souvent
fomentés et exacerbés par les
mêmes Acteurs politiques, qui
sacrifient les compétences et la
méritocratie dans la gestion de la
chose publique au profit des
intérêts partisans.
4. Pire encore, le pays se
retrouve dans une situation où la
plus haute instance du pouvoir
judiciaire, à savoir la cour
constitutionnelle, est mise dans
l’impossibilité d’exercer sa
mission. Faute de quorum, tout le
système est bloqué.
CONSEQUENCES
Au plan socio-économique
5. En vue de relancer la
croissance économique, un
certain nombre de mesures ont été
prises, notamment la mise en
application du Code minier, les
mécanismes de lutte contre la
corruption et l’investissement pour
l’autosuffisance alimentaire.
Cependant, l’économie du pays
connait une forte régression avec
une diminution drastique du
pouvoir d’achat de la population,
et partant, un accroissement de la
pauvreté et du chômage. Le
secteur minier sur lequel le pays
pouvait compter est, comme
beaucoup d’autres, gangréné par
la corruption et bénéficie plus à
quelques individus, aux
multinationales et aux « groupe
criminels militarisés » qu’à la
population.
6. Par ailleurs, cette situation
entraine la baisse inquiétante de
la réserve de changes et un
blocage économique. Elle est
d’autant plus préoccupante que
notre pays reste encore tributaire
de l’appui et de l’encadrement
international spécial pour sa survie
et son fonctionnement.
7. Compte tenu du blocage
politique et économique que
connait notre pays, les efforts
entrepris tels que la gratuité de
l’enseignement de base, et le début
de la régularisation de la paie des
enseignants, risquent d’être
anéantis.Au plan sécuritaire et
humanitaire
8. La situation sécuritaire »
demeure délétère spécialement
dans la partie orientale du pays,
notamment dans les provinces de
l’Ituri, du Nord et du Sud Kivu ainsi
que de Tanganyika. Nous y
remarquons la stratégie de
dépeuplement par des massacres
des populations locales,
d’occupation des terres et de
contrôle de ressources naturelles.
Les massacres perpétrés dans les
Territoires de Beni et de Djugu, tout
comme les conflits
communautaires dans la zone de
Minembwe, illustrent à suffisance
cette situation. Aussi les conflits
communautaires récurrents
démontrent-ils la faiblesse de l’Etat
congolais qui semble inexistant
dans les lieux où prolifèrent les
milices et groupes armés de tout
genre avec leur cortège de misère.
9. Dans plusieurs autres
provinces, tant de faits nous
tourmentent par leur gravité et leur
répétition : les enlèvements avec d
emande de rançon, les vols à mains
armées, les viols, les assassinats,
etc. A cela s’ajoutent les conflits
frontaliers avec la quasi-totalité des
pays voisins dont les forces armées
des villages et cités de notre pays.
Au plan de droits humains
10. Alors que les élections de
2018, placées sous le signe de
changement, ont malgré tout nourri
l’espoir de l’avènement d’un Etat
de droit, il s’observe
malheureusement, une restriction
des droits humains. En effet, l’élan
des libertés d’expression et de
manifestation publique salué avec
enthousiasme par notre
population, évolue en dents de
scie. Ici et là, certains partis
politiques se substituent aux
services
étatiques et portent atteinte non
seulement à l’ordre public, mais
aussi à la dignité humaine et au
respect des droits humains.
11. Le procès dit de « cent
jours » et les enquêtes judiciaires
en cours suscitent beaucoup
d’espoir en une justice qui ferait
effectivement grandir la Nation.
Tout reste à savoir si cette
dynamique ira jusqu’au bout.
EXHORTATIONS
12. Peuple congolais, ne nous
laissons pas voler notre
souveraineté ! Notre situation
changera à partir du jour où ceux
qui sont au pouvoir comprendront
que pour y demeurer ou y accéder,
ils doivent servir nos intérêts. C’est
pourquoi, pour ne pas nous laisser
voler notre souveraineté :
1.Sortons de notre torpeur et
demeurons vigilants sur le respect
de la constitution, notamment les
articles verrouillés, ainsi que sur
l’indépendance réelle du Bureau
de la CENI et de la Magistrature.
2.Exerçons effectivement notre
droit de souverain primaire et
agissons dirigeants et de nous
prononcer sur le destin de notre
pays.
3. Continuons à être créatifs,
ardents au travail et solidaires,
pour faire face aux conséquences
économiques vécues au
quotidien.
4. Résistons pacifiquement à
la balkanisation de notre pays, au
dépeuplement et à l’occupation
des terres par la cohésion
nationale et le refus de la trahison,
en privilégiant sursaut du
patriotisme aux cotés de nos
forces armées et de sécurité. La
RD Congo est notre terre, « don
béni », notre patrimoine
inaliénable, et nous ne devons pas
nous le laisser ravir.
5.Exigeons de notre
Gouvernement de faire une
demande formelle d’institution
d’un Tribunal pénal spécial pour
la RD Congo afin d’engager des
poursuites contre les présumés
responsables, internes et externes,
des milliers de morts et des
victimes de violation massive des
droits humains évoquée dans le
rapport Mapping de 2010.
13.Nous demandons à notre Etat de
manifester davantage son autorité
et d’exercer son pouvoir régalien,
de combattre particulièrement la
corruption, l’impunité, de mettre
hors d’état de nuire les complices
de l’insécurité et d’affirmer sa
souveraineté vis-à-vis des Etats
tiers.
14.Forts de notre collégialité
affective et effective, nous d
énonçons et condamnons
vigoureusement les menaces de
mort proférées contre nos frères
dans l’Episcopat, nosseigneurs
Dieudonné URINGI, Evêque de
Bunia et Sébastien MUYENGO,
Evêque d’Uvira. Conscients de leur
mission prophétique, ils n’ont fait
qu’exercer leur ministère de
pasteurs soucieux du bien-être et
de la cohabitation pacifique des
peuples confiés à leur sollicitude
pastorale.
15. Nous exhortons les Acteurs
politiques à se mettre sincèrement
au service du bien commun. En tant
que serviteurs du peuple, qu’ils se
préoccupent de son bien-être et
qu’ils soient prêts à lui rendre
compte. Comme l’indique le pape
François, ils devraient se poser la
question, non de savoir : « combien
de personnes ont eu une image
positive de moi ? » ; mais plutôt :
« Quel amour ai-je mis dans le
travail ? En quoi ai-je fait progresser
le peuple ? Quelle marque ai-je
laissée dans la société, quels liens
réels ai-je semée, qu’ai-je réalisé
au poste qui m’a été confié ? ».
CONCLUSION
16. Peuple congolais, l’heure de
nous mettre debout et de marcher
dans la lumière a sonné. Réveillons-
nous de notre sommeil pour un
engagement citoyen (cf. Rm 13,11).
Tenons fort et restons fidèles aux
idéaux tracés par nos pères de
l’indépendance, pour léguer ainsi
aux générations à venir non plus un
Congo de pleurs et de larmes, de
divisions et de guerres, mais un
pays responsabilité de chacun.
17. Cependant, nous ne
pourrons espérer réaliser notre rêve
sans le Seigneur (cf. Ps 126,1).
Restons fermes dans la confiance
en Lui le Tout puissant et à
demeurons vigilants dans la prière.
18. Que par l’intercession de la
Vierge Marie, Notre Dame du
Congo, le Seigneur bénisse notre
pays.
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