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Droits de l’homme en RD Congo :La FIDH dénonce la désillusion et l’inquiétude


La répression des manifestations d’opposition arrestations arbitraires, retour de la peine de mort, journalistes sous pression… Un rapport de la FIDH dénonce « la désillusion et l’inquiétude » pour les défenseurs des droits humains et la société civile en RD Congo depuis l’arrivée du président Félix Tshisekedi début 2019.
Le drame de la prison centrale de Makala  surnommé «  carnage » enfonce de nouveau la situation déplorable des droits humains en RD Congo. Le pouvoir de Félix Tshisekedi est trempé dans le sang, faisant au moins 132 morts, alors que plus de 1.700 détenus ont mystérieusement disparu des effectifs. Et, pourtant une situation qu’on pouvait « éviter » avec justesse.  C’est un drame qui met en lumière une politique pénitentiaire dysfonctionnelle dans des prisons « mouroirs ».
En février 2011, le magazine Jeune Afrique titrait : « Joseph Kabila, Mobutu light ? ». François Soudan revenait, à la veille de la réélection de Joseph Kabila, sur les espoirs déçus de son premier mandat. « Beaucoup ont alors cru au réveil congolais.
Mais aujourd’hui, le chef de l’État marche sur les pas de ses deux prédécesseurs et règne sur un pays sinistré, miné par la corruption et la violence » écrivait le directeur de la rédaction du magazine. 13 ans plus tard, on pourrait se demander si Félix Tshisekedi, ne serait pas un « Kabila light », concernant la situation des droits humains en République démocratique du Congo ?
Plusieurs organisations, sous la houlette de la Fédération internationale des droits humains (FIDH), viennent de dresser le bilan de la situation des défenseurs des droits humains et de l’espace civique au Congo entre 2019 et 2024.
Des promesses non-tenues
A son arrivée au pouvoir en décembre 2018, Félix Tshisekedi, le fils de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, avait suscité beaucoup d’espoirs après 17 années de présidence Kabila basées sur le triptyque : prédation, corruption, répression.
Dès le début de son mandat, le nouveau président opère une réelle « décrispation politique » avec la libération de prisonniers politiques, le retour de politiciens en exil, l’ouverture de la chaîne nationale aux opposants et l’autorisation de la tenue de meetings sans entraves.
Mais très vite, d’autres promesses ne sont pas tenues, comme la fermeture des prisons secrètes des services de renseignements civils et militaires, ou la fin des arrestations arbitraires sans procès.
Le rapport piloté par la FIDH estime que « l’ensemble des acteurs interrogés dans le s’accordent pour dire que les espoirs placés en Félix Tshisekedi en matière de protection des défenseurs des droits humains ont été déçus ». Une longue liste « d’attaques à la liberté de réunion pacifique et de manifestation » est dressée.
L’état de siège muselle toute contestation
Le 20 mai 2023, avant les élections de décembre, « les forces de l’ordre ont brutalement dispersé une manifestation à Kinshasa regroupant plusieurs leaders de l’opposition, visant à dénoncer l’augmentation du coût de la vie à travers leur campagne « Tolembi pasi » (qui signifie « Nous en avons marre de la souffrance » en lingala), l’opacité du processus électoral et l’insécurité persistante dans l’est du pays ».
Des dizaines de manifestants ont été arrêtés, dont Bienvenu Matumo, membre du mouvement citoyen Lucha, qui affirme avoir reçu des coups de poing de la part d’un policier.
L’état de siège décrété dans deux provinces de l’Est du pays en proie aux groupes armés, a muselé toute contestation et interdit toute manifestation. Le remplacement des autorités civiles par des militaires a provoqué de nombreux dérapages sanglants.
Un massacre à Goma
C’est le cas le 30 août 2023, où « les forces de sécurité congolaises ont tué par balles 57 personnes et blessé des dizaines d’autres lors de la préparation d’un rassemblement dans la ville de Goma. Une secte mystico-religieuse, appelée Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations « Wazalendo », avait prévu de manifester pour demander à la MONUSCO et à la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est de quitter le pays. Les autorités avaient interdit la manifestation dans cette ville du Nord-Kivu sous état de siège », explique la note de la FIDH.
A Kinshasa, la milice « Force du Progrès » de l’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, a fait plusieurs fois le « coup de poing » pour intimider les opposants au gouvernement et empêcher tout rassemblement pacifique.
En février 2024, des membres de mouvements citoyens ont été arrêtés lors d’un rassemblement citoyen devant le Palais du peuple à Kinshasa, commémorant les 600 jours d’occupation de la ville de Bunagana, au Nord-Kivu, par le M23. Idem en mars et avril, dans la ville de Goma.
La presse sous pression
Plus inquiétant encore, la guerre à l’Est et la période pré-électorale de 2023, ont accentué les restrictions à la liberté de la presse congolaise. « Des cas de censure, de fermeture de médias et d’arrestations de journalistes sont fréquemment rapportés.
Les lois sur la diffamation, les accusations de « propagation de faux bruits », de « fausses informations » et d’autres réglementations sont parfois utilisées pour museler les voix critiques ».
Le 10 février 2023, des agents des services de renseignements ont arrêté Junior Nkole, un humoriste satirique, en raison d’un sketch vidéo posté un an plus tôt, où il dénonçait le favoritisme ethnique. Les leaders religieux sont aussi sous pression. Lors de la messe de Pâques 2024, le cardinal Fridolin
Ambongo a critiqué la justice congolaise, l’inefficacité des FARDC dans la lutte contre le M23 et l’ingérence rwandaise dans les provinces de l’Est.
Le 27 avril 2024, le procureur général de Kinshasa ordonnait l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre.
500 atteintes contre la presse entre 2019 et 2023
La période des élections de décembre 2023 a été très tendue. « La répression gouvernementale a entravé la couverture médiatique des oppositions politiques, et des journalistes ont fait l’objet de menaces, attaques ciblées et agressions alors qu’ils ou elles couvraient des évènements politiques ou des manifestations de la société civile critiques au gouvernement », affirme le rapport. L’organisation Journaliste en danger (JED) a comptabilisé plus de 500 atteintes contre la presse de 2019 à 2023.
Le cas le plus emblématique est celui du journaliste Stanis Bujakera Tshiamala, directeur adjoint du média Actualité.cd et correspondant pour Jeune Afrique et Reuters, et l’un des journalistes congolais les plus suivis sur les réseaux sociaux.
Dans l’affaire de l’assassinat de l’opposant Chérubin Okende, le journaliste a été emprisonné 6 mois pour un article de Jeune Afrique, qu’il n’a pas signé, qui impliquait les renseignements militaires.
Convoqué pour un tweet critique
D’autres personnalités ont eu maille à partir avec la justice, que le président Tshisekedi avait lui-même jugé « malade ». C’est le cas de Jean-Claude Katende, président national de l’ASADHO.
Le défenseur des droits humains a été convoqué dans le bureau du Procureur de la République le 4 mars 2024, en raison d’un tweet concernant ses doutes sur les circonstances de la mort de Chérubin Okende.
En mai 2024, Gloria Sengha, fondatrice du mouvement citoyen Vigilance Citoyenne (VICI) et de la Dynamique « Tolembi Pasi » est arrêtée par des policiers à Kinshasa avant son transfert à l’ANR, les services de renseignements.
Elle est libérée le 4 juillet 2024 « sans avoir été présentée à un juge, ni avoir été informée officiellement des charges pesant à son encontre » dénonce la FIDH. Les cas d’arrestations arbitraires relevées par le rapport sont extrêmement nombreux.
Ironie du sort, certains défenseurs des droits humains intimidés, sont les mêmes qui se battaient aux côtés de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi contre les dérives du régime de Joseph Kabila.
Tshisekedi 4 ans pour mieux faire
Plusieurs autres mesures prises par les autorités congolaises soulèvent des inquiétudes pour la liberté d’expression et des menaces pour les droits humains.
C’est le cas du retour de la peine de mort qui constitue une « pression psychologique et un effet dissuasif important sur l’espace de la société civile ».
C’est le cas du retrait « accéléré » et précipité des casques bleus de la Monusco et son impact sur la sécurité des défenseurs des droits humains.
Les FIDH et les ONG associées dénoncent ainsi « une réduction préoccupante de l’espace civique. L’usage souvent disproportionné de la force contre les manifestants pacifiques. L’instrumentalisation politique du contexte sécuritaire à l’Est, qui semble justifier toutes les restrictions des droits et libertés, et en présence d’un appareil judiciaire hautement dysfonctionnel, le rétablissement de la peine de mort ouvre la voie à des exécutions arbitraires ».
Il reste un peu plus de 4 ans au président Félix Tshisekedi pour mieux faire, au cours de son second et dernier mandat, « pour que le gouvernement respecte ses obligations en matière de protection des défenseurs des droits humains, et plus largement de respect des libertés fondamentales ».
« La répression des défenseurs des droits humains n’est en aucun cas une réponse appropriée à la dégradation manifeste du contexte général en RDC » recommande Alice Mogwe, la présidente de la FIDH.Tiré de Afrikarabia.com

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